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Intention du réalisateur

Un matin blême et neigeux de l'hiver 2007. La Radio Publique Nationale (NPR). De tout ça je ne sais que ce que les infos mentionnent de temps en temps : que trois vétérans de la guerre en Irak se suicident chaque semaine (en 2007), qu'il y a cent mille vétérans sans domicile aux USA...

En dépit de la froideur statistique, j'ai une hyper-sensibilité aux autocollants sur les voitures, aux rubans jaunes qui disent « Soutenons nos troupes », pour ne rien dire des publicités géantes, fréquentes dans le Midwest pauvre, vantant la carrière militaire, saturées d'images patriotiques omniprésentes... Ca dure 99 millièmes de seconde, et, d'habitude, j'oublie : cette fois-là, j'éteins brutalement la radio. Mais je n'oublie pas : la colère, sourde, puissante, demeure. Elle ne me quittera plus.

Je suis Français et Américain. J'ai vécu à Berlin. Je réside et travaille maintenant aux Etats-Unis d'Amérique. En France, j'appartiens à la première génération qui n'a jamais été impliquée dans une guerre depuis la Guerre franco-prussienne de 1870. Cela dit, le spectre de la guerre, sa réminiscence permanente est là : dans le paysage, dans les livres, dans les albums et papiers de famille, pour ne rien dire, bien sûr, de ceux qui ont participé et ceux qui ne revinrent jamais. Il y a aussi ceux, qui revinrent, et demeurèrent toujours un peu « absents ». Y compris dans ma propre famille.

Hiver 2007 : quatre ans après le début de la « Guerre contre le terrorisme », en écoutant ce programme radiophonique sur le suicide des militaires, j'ai senti l'hiver dans mon âme. Je me demandais si je ne revivais pas un nouveau cauchemar.