Il n'entend pas, il ausculte : c'est «l'ingénieur», autrement dit le «génie», du son. Il a une «surrounding hear», une ouïe inouïe, panoramique, stéréophonique, qui entend tout ce que le commun des mortels n'entend pas.
Il entend aussi plusieurs langues étrangères : il avait vingt ans, Erik a vécu à Venice Beach, partagé entre le surf, la guitare, et bien d'autres activités improbables, qui l'ont amené autour du monde, sans but assigné, d'une plage à l'autre.
Photo by Jean-Gabriel Leynaud
Sourire malicieux et prédateur : sur le point de piquer. L'œil de l'aigle. Quand il y croit, apparaît ce même sourire briscard et cynégétique, une totale et furtive immobilité entre la contemplation pure et l'affût précédant le saut. Le point de vue se circonscrit vite, la mise au point aussi. Point de vue, faire le point, placement, cadrage, serrer, etc., c'est par ce chas que passera le fil du montage.
Qu'il marche jusqu'au Pôle Nord avec une caméra, escalade les parois les plus difficiles du monde, ce génie photographique et polyglotte (cinq langues...), cet ami de Salgado, a aussi filmé des soldats dans l'Afghanistan en guerre : le traumatisme de guerre, il l'a vu arriver.
Il a lu. Tout. Tout absorbé en quelques jours avec une capacité et à une vitesse surhumaine, les centaines de pages de transcriptions réalisées à partir de plus de quatre-vingt heures de «rushes». Ardeur au travail, engagement total, en quelques jours, il ne fait qu'un avec l'ouvrage : fascinante immersion.
Outre l'expérience, sa sensibilité artistique est précieuse : je voulais faire un film musical. Nous nous sommes liés par la nécessité de ce film, comme il y a une nécessité dans la vie de Matthieu : il est musicien.
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