Lycéen dans le New Jersey, en face de New York, il voit les Tours Jumelles s'effondrer le 11 septembre 2001 et s'engage peu de temps après dans le corps des Marines. Retour d'Irak en 2006 : sidération, dépression, isolement, comportements suicidaires, errances... la vie impossible d'un homme d'une vingtaine d'années, hanté par l'effroi permanent de ses visions de guerre.
Entre le début et la fin 2009, il perd plus de vingt kilos. Du passé irakien de Ryan, je n'avais eu accès qu'au récit public du «Winter Soldier», qui s'était tenu en mai. A cette époque, il était en fin de désintoxication à l'alcool, mais sa morphologie en portait encore les traces.
Nous nous rencontrons souvent, jamais je ne pose de questions, jamais il ne me parlera de «ça». Durant les derniers jours de 2009, peu de temps avant le début du tournage, j'ignore encore vraiment s'il acceptera d'être filmé. Dans un «chat» sur Facebook, trois jours avant l'arrivée de l'équipe : « — Viens». On tourne. Sur cette montagne, il va tout dire, tout déballer. Il brûle toutes ses photos d'Irak au soir de ce tournage. « — Toutes. Sauf une, pour me rappeler qui j'ai été là-bas».
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