Je leur fais face. Ils ne regardent pas l'objectif, jamais. Il y a un homme entre eux, qui nous regarde. Eux ne voient que lui. Je ne vois que lui. Il n'est pas «là» et pourtant sa présence occupe toute la scène.
Comment raconter ça : le spectre du film, c'est lui, ce fils de Joyce et Kevin que je vois entre eux, sur eux, dans leur regard qui se perd dans les continents obscurs de l'impossible retour.
Impossibilité du retour, impossibilité du tournage... Il y a une impossibilité majeure à «tourner» ça, le personnage perdu, égaré, dont l'ombre plane sur tout, et notamment, sur ceux qui essaient encore de ne pas se perdre.
Qu'est-ce que je vais faire de ça ? De ce face à face impossible et nécessaire...
C'est alors l'impossibilité du film, qui fait qu'il y a un «film» ? Ou bien, ce n'est pas un «film», comme Jabès, ou Blanchot, ont dit un jour : l'absence de livre.
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