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Lisa Zepeda

Le fantôme d'Abu Ghraib

Il semblait qu'à tout moment elle allait partir. Longtemps, elle est restée là, interdite, dans une éternité qui arrêtait le temps, le regard perdu. Visiblement, elle..., elle hésite, enfin, non, elle lutte, elle est aux prises, c'est un combat sourd, au ralenti, qui parfois ressemble à s'y méprendre à un acte d'amour, comme dans un rêve. Un combat sanglant pourtant. Parfois elle se prend la tête dans les mains, sort un quart d'heure, revient, repart. Elle parle doucement, elle reste plantée là, c'est clair, elle ne veut parler à personne, elle veut être partout sauf ici, et pourtant, elle demeure. Elle est venue pour affronter : pour converser, à l'intérieur d'elle-même, avec cette obscure nécessité de l'insupportable confrontation. Rarement j'aurais vu le spectre aussi clairement, jusqu'à ce qu'elle me le dise, un an après, dans la voiture, à l'issue du tournage : «Tu sais, moi, j'y crois aux fantômes».

Elle regarde le crochet au-dessus de son lit : c'est là que les tortionnaires de Saddam officiaient. Elle a été aux prises avec les fantômes d'Abu Ghraib.

La hantise à même la peau (c'est la hantise-même, ça), elle se décide pour le tatouage et elle me laisse voir surgir l'inscription du mal dans sa chair.

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