Premiers contacts : inapprochable. Non pas que je ne puisse la rencontrer, mais parce que je sais que son dragon à elle, est très profondément enfoui : PTSD, quatre lettres cliniques, une vision contemporaine assez typique du traumatisme de guerre, celui qui doit entrer dans les cases impossibles des formulaires de la sécurité sociale des militaires... Wendy, «ne veut pas y aller», comprendre : «pour elle, aller dans la zone du PTSD, et donc pouvoir en parler, est encore largement impossible». Durant la première année après son retour d'Irak en 2006, Wendy passe près de la mort sans trop chercher à «se soigner». Elle ne croit pas que ça puisse lui arriver à «elle». Elle : latina de Los Angeles au solide tempérament, arrivée là sans papiers avec sa mère, engagée à 17 ans, déployée à 19 dans une unité médicale en zone de combats, elle voit la mort tous les jours, la frôlant à plusieurs reprises à bord d'un hélicoptère pris sous le feu, alors qu'il transportait un blessé.
Elle ne veut pas y aller : quand elle en parle, c'est d'une autre personne qu'il s'agit. C'est cette autre «elle-même» qui se débarrasse de ses scrupules et de ses pulsions morbides en revivant le stress de l'hélico dans le saut de l'ange, sous le parachute qui la ramène à la vie. En Irak, Wendy la mexicaine, est devenue américaine.
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